Quelques (bonnes) idées pour déguster du vin à Paris

Paris pullule de cafés, bistrots et restaurants, mais aussi étrange et paradoxal que cela puisse paraître, trouver une carte des vins convenable dans un bar parisien n’est pas toujours facile. Pour les œnophiles les plus exigeants, le chemin était presque manichéen. Soit ils se voyaient atterrir dans des bistrots où l’ambiance était sympathique, mais la sélection de vin moins bien soignée, soit il leur restait les grands restaurants gastronomiques aux prix… astronomiques. Ces dernières années, une nouvelle génération de bars à vin est venue secouer la grande ville. Plus modernes, ils allient décontraction et qualité dans la sélection des vins. Nous avons demandé à une jeune journaliste brésilienne qui aime beaucoup le vin de faire un tour de ces nouveaux repères parisiens en y ajoutant quelques adresses déjà bien installées. Les beautés de la capitale, ce sont les étrangères qui en parlent le mieux.

1) Le plus parisien : La Compagnie des Vins surnaturels

Bar a Vins - la Compagnie des Vins SurnaturelsCe bar niché derrière le marché Saint-Germain est devenu le repère des œnophiles parisiens. Après avoir rebattu les cartes du bar à cocktail entre Paris et Londres, l’équipe de l’Experimental, du Curio Parlor et du Prescription se lance dans le vaste univers de Bacchus. Vu les inclinaisons « business & design » des propriétaires, on aurait pu penser que la forme serait plus soignée que le fond. Et bien, non. Certes, l’ambiance est toujours cosy, dans un style club privé aux allures new-yorkaises, mais la sélection de vins est remarquable.

La carte propose 400 références qui couvrent toutes les régions de France, ainsi que quelques dénominations étrangères. Il y en a pour tous les goûts et tous les budgets. Les prix varient de 31 à 3 900 euros la bouteille et de 5 à 14 euros, le verre. Parmi les plus chers, se trouvent les premiers grands crus de Bordeaux et quelques bourgognes, comme le grand chambertin Clos-de-Bèze, d’Armand Rousseau ou le montrachet grand cru 2007 du domaine des Comtes Lafon.

N’hésitez surtout pas à demander conseil à l’équipe sympathique du bar, qui pourra vous faire découvrir quelques petites merveilles cachées, comme le surprenant « Grusse-en-Billat » 2011 de Jean-François Ganevat ou encore l’étonnant « La terrasse d’Elise Le Pradel », vin de pays de l’Hérault. Pour les œnophiles plus aventureux, une option est le vin-mystère, servi à l’aveugle au prix de 12 euros le verre. Le client qui reconnait le vin se verra offrir la bouteille.

Coté grignotage, la sélection est restreinte, mais efficace, avec des petites assiettes de fromage, jambon et tarama à la truffe, pâté de foie-gras, steak tartare et burrata. La Compagnie des Vins Surnaturels organise aussi, une fois par mois, des cours de dégustation. Les séances durent 90 minutes et coutent 65 euros. Il est également possible d’organiser des dégustations sur mesure. Les dates peuvent être consultés directement au bar.

La Compagnie des Vins Surnaturels
7, Rue Lobineau
Telefone : + 33 (0) 9 54 90 20 20
Email : [email protected]
Site internet : www.compagniedesvinssurnaturels.com

2) Le plus animé : L’Avant-Comptoir

Avant ComptoirComment ne pas tomber sous le charme de l’Avant Comptoir, une sorte de version française du bar à tapas espagnol ? Certes, l’endroit est étroit, il n’y a ni table ni chaise et les clients se serrent comme des sardines au comptoir pour passer la commande. Mais l’atmosphère reste chaleureuse, les tapas, servies par petites portions, sont délicieuses et la sélection de vin, soignée.

Ce bar est l’une des créations du chef Yves Camdeborde, figure emblématique de la gastronomie française et propriétaire du restaurant voisin, Le Comptoir du Relais à l’Odéon. Quand il a été inauguré en 2007, l’idée était d’en faire une sorte de vestibule du restaurant où les clients pourraient patienter en sirotant un verre au comptoir. Mais l’adresse a dépassé sa vocation originale et est devenue très prisée.

Si vous êtes claustrophobe, éviter l’happy hour. S’abstenir aussi en cas de torticolis, car le bar ne propose ni menu ni carte des vins aux formats habituels. Les bouteilles sont barricadées derrière le comptoir et les tapas, qui déclinent quelques icônes de la cuisine français et espagnole, présentées en fiches accrochées au plafond. Pas très pratique si vous êtes quelqu’un d’indécis.

Au total, ce sont plus de 80 tapas et environ 30 références de vin au verre, avec une forte présence des vins dits naturels. Seulement quelques bouteilles, la cuvée Silex de Didier Dagueneau ou les champagnes de Jacques Lassaigne, ne sont pas servis au verre. N’hésitez surtout pas à demander conseil au sympathique et compétant Éric, gérant et sommelier du local, qui vous fera découvrir quelques flacons étonnants.

Les prix des verres varient entre 3 et 10 euros et celui des portions entre 2,5 et 10 euros. Le bar est ouvert tous les jours, de midi à minuit.

L’Avant-Comptoir
3, carrefour de l’Odéon
Téléphone : + 33 (0) 1 44 27 07 50

3) Le plus sobre : O Château

Débarrassez-vous de vos préjugés en franchissant la porte de cet élégant bar à vin, installé dans le quartier de la Bourse, à Paris. Même si la clientèle (et une grande partie du personnel) est composée surtout d’anglo-saxons, on est très loin de ces bars attrape-touriste qu’il faut éviter à tout prix. Au contraire. O Château propose l’une des meilleures offres de vin au verre à Paris avec plus de 40 références renouvelées toutes les semaines. C’est certainement l’un des rares comptoirs de la capitale où vous pourrez déguster au verre des grands crus français.

Ils ont défini les doses de dégustations de 3 cl. Les prix varient entre 2 et 14 euros, mais ils peuvent grimper bien au-delà en fonction de la notoriété du vin. Il faudra donc compter environ 150 euros pour un verre du grand petrus 1983 (2 800 la bouteille) ou 40 euros pour un échezeaux 2002, du Domaine de la Romanée Conti (750 euros la bouteille). « On voulait que tout le monde, tout amateur de vin, puisse goûter un grand vin au moins une fois dans sa vie », explique Nicolas Paradis, l’un des propriétaires.

Dans un style « british », Ô Château pourrait sembler un peu austère, mais le service est plutôt décontracté et la jeune équipe de sommeliers, bien formée. La carte des vins possède plus de 700 références. Le bar met le cap sur les grandes étiquettes. Vous auriez donc certainement moins de mal à y trouver les célèbres petrus, yquem, ou mouton-rotschild, que dénicher les perles cachées des petits vignerons moins illustres.

Le maison propose aussi des menus accords mets et vins et organise entre trois et six cours de dégustation par jour, 363 jours par an. Les séances de deux heures sont en anglais et coûtent entre 30 et 150 euros. Le programme peut être consulté sur leur site internet.

Ô Chateau
68, rue Jean-Jacques Rousseau
Téléphone : + 33 (0) 1 44 73 97 80
Réserves : [email protected]
Site internet : www.o-chateau.com

4) Le plus écologique : La Grande Crèmerie

GrandecremerieLa Grande Crémerie est l’un de rares bars parisiens spécialisés uniquement dans les vins naturels, c’est-à-dire ces vins produits généralement en bio, mais pas toujours et avec peu ou pas de soufre et le moins possible d’intervention pendant la vinification. C’est une tendance qui se restreint à quelques amateurs car, pour ceux qui ne les connaissent pas, les vins naturels peuvent sembler assez étranges en première approche. Assez souvent, on tombe sur des bouteilles troubles, avec une coloration étrange et des arômes peu agréables. Mais l’objectif de Serge Mathieu, le propriétaire de la maison, c’était justement de tordre le cou à cette idée reçue et de montrer, dans le verre et dans l’assiette, ce que la France fait de mieux et de plus authentique. « Nos vins sont issus de petits producteurs qui travaillent de façon durable, biologique ou biodynamique. Ils sont élaborés sans ajout de dioxyde de soufre, non filtrés et sans collage », explique Serge.

La maison propose cent références et les prix varient entre 24 et 194 euros la bouteille. Les verres coutent 7 euros, sauf la coupe de champagne, vendue à 12 euros. Pour accompagner les vins, le bar propose des assiettes de charcuterie fine, terrines, poissons fumés, fromages affinés et quelques sucreries.

La Grande Crémerie
8, rue Grégoire de Tours
Téléphone : + 33 (0) 1 43 26 09 09
Email : [email protected]
Site internet : www.lagrandecremerie.fr

5) Le plus chic : Le comptoir des Caves Legrand

legrandInauguré en 1880, Legrand c’est l’une des plus prestigieuses, des plus anciennes et des plus belles épiceries et caves à vin de Paris. Aucun amateur de vin ne devrait passer par la capitale française sans faire un saut dans cet endroit historique. Franchir sa porte, c’est plonger dans un univers féérique, presque anachronique. On y trouve les plus célèbres crus français, mais aussi des flacons rares et confidentiels, comme les bourgognes de Comte Liger-Belair, les vin de pays de la Grange des Pères en Languedoc ou encore ceux de Yves Gangloff, côte-rôtie, condrieu et saint-joseph.

La gamme inclut également d’excellentes références des producteurs et régions moins connues du grand public, comme le surprenant Les Rosiers 2001 du Domaine Bellivière (26 euros), le sauvignon 2013 de Gérard Boulay (18,50 euros) ou encore le savigny-lès-beaune 2013 du domaine Maréchal, en Bourgogne (26 euros). Au total, ce sont environ 5 000 références de plus de 360 producteurs, en majorité français.

Toutes les bouteilles vendues dans la cave peuvent être consommées pour le même prix au Comptoir des Caves Legrand, ouvert de 12 h à 19 h 30 du lundi au jeudi, et de 12 h à 20 h 30, les vendredis et les samedis. On accède au bar par la superbe galerie Vivienne. Avec son sol en mosaïque et son imposante verrière qui date de 1823, la galerie inscrite au patrimoine historique est l’une de plus belles de Paris. Rien que l’architecture et le décor valent le détour.

Côté assiette, la maison propose des plats chauds à l’heure du déjeuner et quelques suggestions à croquer toute la journée, telles que portions de charcuterie, terrines maison de chez Hardouin, jambon noir de Bigorre, poissons et salades. La maison organise aussi des dégustations toute l’année. Le programme se trouve sur leur site internet.

Caves Legrand
1, Rue de la Banque
Tél : +33 1 42 60 07 12
Email : [email protected]
Site Internet : www.caves-legrand.com

6) Le plus gourmet : Frenchie

Après avoir fait le tour du monde avec pour seul bagage sa mallette à couteaux, le chef français Gregory Marchand a fini par poser ses valises dans la charmante et étroite rue du Nil, à Paris, où il a ouvert trois établissements.

Frenchie est un bar aux allures de loft new-yorkais et quelques touches de bistrot parisien, dans une ambiance branchée et décontractée. La cuisine est une sorte de version tapas du restaurant du même nom, qui se trouve juste en face. Comme il est inscrit dans le menu, « les assiettes sont conçues pour être partagées et l’ordre d’arrivée peut varier ». Sur la carte, viandes, poissons, charcuterie et fromages, avec quelques créations comme la burrata à la pèche, basilic et vinaigre balsamique ou encore la vinaigrette de poireau, sabayon de vin jaune et truffe d’été.

La carte des vins, dont la présentation mériterait d’être plus soignée, est sérieuse et bien élaborée, avec une fourchette de prix de 25 à 680 euros la bouteille et de 6 à 12 euros le verre. La sélection inclut quelques vignerons appréciés des œnophiles avertis, comme Emilie Geantet ou Anne-Claude Leflaive, en Bourgogne ; Leccia, en Corse ; Roches Neuves, dans la Loire ; Tempier à Bandol ou encore Beaucastel et Henri Bonneau, à Chateauneuf-du-Pape, ce dernier présent avec sa cuvée mythique, Marie Beurrier. Frenchie est ouvert du lundi au vendredi, à partir de 19 h, sans réservation.

6, Rue du Nil
Telefone : + 33 (0) 1 40 39 96 19
Site internet : www.frenchie-restaurant.com

7) Le plus populaire : Le Baron Rouge

BaronRougeLe Baron Rouge est devenu une véritable institution de l’est parisien. Un bar à vin sans prétention où il est possible de déguster des vins et produits du terroir, dans une ambiance conviviale, authentique et populaire. À l’heure de l’apéro, les clients occupent le trottoir devant le bar et tout ce qui peut servir de support pour les verres, assiettes et bouteilles fait office de table, depuis le bord de la fenêtre des voisins jusqu’aux couvercles de poubelles entreposées dans la rue.

Les huîtres, vendues directement par le producteur de septembre à avril, toujours les samedis à partir de 16 h et les dimanches midis, sont très recherchées. Le bar propose aussi une sélection de fromages, charcuteries et terrines du terroir.

La carte de vin reflète l’âme de la maison, c’est à dire pas de grands crus ou de flacons excessivement chers, mais une sélection simple et de qualité. Au total, ce sont environ 60 références, que l’on peut également boire au verre. Les prix vont de 1,50 à 4 euros le verre et de 11 à 30 euros la bouteille. Il est aussi possible d’acheter le vin à emporter (les prix chutent de moitié) ou d’opter pour les pichets, vendus au litre et tirés directement des barriques exposées dans le bar. Les prix varient entre 2,50 et 5,50 euros le litre.

Le Baron Rouge
1 rue Théophile Roussel
Téléphone : + 33 (0) 1 43 43 14 32
Horaires
Lundi : de 17h à 22h
De mardi à vendredi: de 10h à 14h / 17h à 22h
Samedi : de 10h à 22h
Dimanche : de 10h à 16h

8) Le plus complet : Lavinia

LAVINIA_restoLavinia, la grande enseigne parisienne dédiée au vin, c’est près de 6 500 références, dont environ 2 000 étrangères et un chiffre d’affaires qui a dépassé les 20 millions d’euros en 2013. On y trouve un service spécialisé et les plus grands crus français issus des appellations les plus célèbres.

Il suffit, pour s’en rendre compte, de parcourir le sous-sol où reposent différents millésimes des châteaux Margaux, Latour, Lafite-Rothschild, Mouton-Rothschild, Angélus, Haut-Brion, Petrus, Ausone, Cheval Blanc et bien d’autres flacons prestigieux de Bordeaux. Le Rhône, la Bourgogne ou encore l’Alsace y sont aussi représentés avec des étiquettes et cuvées illustres. Les vins les plus chers et les plus rares sont exposés dans une cave climatisée à 14°C où un romanée-conti peut atteindre les 20 000 euros.

Installée depuis 2002 sur le boulevard de la Madeleine, à Paris, le magasin occupe 1 200 m2 sur trois niveaux. On est, bien évidemment, loin du charme de certains cavistes de quartier, mais le concept est parfait pour ceux qui n’ont pas le temps d’arpenter les rues de Paris à la recherche des différents crus français ou étrangers, tout est là ou presque. Ce n’est pas par hasard, d’ailleurs, que les touristes représentent 33 % de la clientèle du groupe en France.

Toutes les bouteilles vendues dans le magasin peuvent être consommées, au même prix, dans le restaurant qui se trouve au troisième niveau, à coté de la cave des spiritueux, ouverte en septembre 2013. La maison propose aussi, régulièrement, des dégustations en magasin ou en présence des vignerons. Le programme peut être consulté sur leur site internet.

En 2011, Lavinia a ouvert une deuxième boutique dans le centre commercial Cnit-La Défense. L’un des principaux objectifs affichés aujourd’hui par la maison est de devenir le caviste de référence sur internet. L’enseigne parisienne a également un programme de fidélisation. Ainsi, les membres du club Lavinia (10 000 dans le monde entier) se voient attribuer quelques avantages, comme des crédits de dégustations, invitations à des ventes privées, ou encore la livraison gratuite à partir de 12 bouteilles.

Lavinia Madeleine
3, Boulevard de la Madeleine
Téléphone : 01 42 97 20 20
Email : [email protected]
Site : www.lavinia.com
Magasin : ouvert du lundi au samedi, de 10h à 20h30
Restaurant : ouvert du lundi au samedi, de 12h à 21h

Lavinia Cnit la Défense
Centre commercial le Cnit – 2, place de la Défense
Téléphone : 01 40 90 43 21
Email : [email protected]
Magasin : ouvert du lundi au samedi, de 10h à 20h
Restaurant : ouvert du lundi au samedi, de 12h à 15h

Par Ana Carolina Dani

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