Dans ce millésime jaloux, sauf à Lafleur qui cabernette franchement de la meilleure façon, Pomerol tire son épingle du merlot grâce à ses terroirs plus précoces. Sur les terroirs sableux, les meilleurs sont allés chercher un fruit croquant avec une suavité immédiate, en revanche il ne fallait absolument pas trop extraire sous peine de durcir et de déséquilibrer le vin.
Sur le plateau mythique, il y a de grands vins de charme à l’image de l’Evangile, La-Conseillante ou Bourgneuf. Au fil des jours, Vieux Château-Certan et Pétrus ont gagné en assise. Ce dernier est un cas d’école : dégusté par trois fois le jeudi à 11H30, Pétrus est apparu le 27 mars tout en fruit avec un tanin coulant, le 3 avril, il avait pris du volume et le 10 avril, il se révélait complet, complexe avec une suavité de texture de grand charme.
Ce schéma s’est reproduit sur un certain nombre de vins du secteur. Cette évolution favorable des vins démontre la nécessité de repousser la date des dégustations primeurs de quelques semaines pour avoir un meilleur rendu du millésime, cela rendrait service à tout le monde.
Denis Hervier