À Darwin, le nouveau lieu hype de l’économie créative et du développement durable à Bordeaux, en déambulant un verre de Guiraud, Petit Guiraud (le second vin) ou G de Guiraud (le blanc sec) à la main, négociants et courtiers récitaient sans peine leur Baudelaire. « La nature est un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles ; l’homme y passe à travers des forêts de symboles qui l’observent avec des regards familiers ». Les piliers de la halle Darwin s’animaient d’une œuvre éphémère, les images projetées d’Olivier Crouzel, la vigne, les ceps, le sol enherbé, les gestes du vigneron, filmés à château Guiraud pendant 8 mois l’an dernier. « Je me suis largement inspiré des paroles de Xavier Planty, qui m’ont permis de prendre conscience que l’homme peut vivre en symbiose avec la nature, que les erreurs passées peuvent être réparées », explique l’artiste.
« Le mystère Guiraud », c’était le nom de la soirée. Mystères, symboles, et stratégie. Darwin, donc. Une ancienne caserne rebaptisée en référence au naturaliste (« les espèces qui survivent ne sont pas les plus fortes ni les plus intelligentes mais celles qui s’adaptent le mieux au changement ») et qui abrite aujourd’hui une centaine d’entreprises éco-responsables, métamorphosant les lieux, les usages, l’esprit… Comme – voilà, on y vient – Xavier Planty à Château Guiraud. En 1996, il initie le passage au bio du vignoble, de 15 hectares la première année à la totalité des 128 hectares aujourd’hui. Le mystère Guiraud alors ? « C’est celui de la nature et de son équilibre, respecté, retrouvé, préservé. En trente ans d’expérimentations, nous avons complètement restauré le biotope de Guiraud. Nous avons favorisé la biodiversité, réenherbé, planté six kilomètres de haies, nous n’utilisons plus d’insecticides depuis 2004, les sols revivent, le vignoble est régénéré ».
Copropriétaire avec Stephan von Neipperg, Robert Peugeot et Olivier Bernard, Xavier Planty ne fait pas mystère de sa satisfaction. « Guiraud a été le premier en 2011 et reste aujourd’hui le seul 1er grand cru classé de 1855 certifié en agriculture biologique. Nous sommes l’un des rares châteaux à avoir créé son propre conservatoire des cépages et nous produisons nos propres plants de sémillon et sauvignon. Ce millésime 2011, j’en suis particulièrement fier : c’est mon premier totalement bio, issu de vignes replantées il y a 15 ans, et le premier de la propriété certifié bio.
Il est très très bien accueilli ».
Cela valait bien une nouvelle étiquette, sobre et chic, plus symbolique que mystérieuse : « le noir mat, profond, puissant, insondable… , et l’or luxueux, évoquant la couleur du sauternes, et qui rend hommage au premier métier de Pierre Guiraud, orfèvre », commente Xavier Planty. Un orfèvre lui aussi, en pureté, fraîcheur et légèreté, qualités ciselées pour séduire de nouveaux consommateurs : « Parmi eux, 35% de femmes, 35% de moins de 40 ans. C’est très encourageant pour nous ». L’arrivée d’investisseurs dans l’appellation – Bernard Magrez à Clos Haut Peyraguey et de Silvio Denz à Lafaurie Peyraguey – est jugée positive : « C’est une nouvelle dynamique qui s’installe. Ces hommes ont prouvé qu’ils savaient faire du vin, estime Planty. Et le vendre! »
Thème de la soirée, mais aussi nom du film réalisé par The Willis Willis, retrouvez ci-dessous le court métrage
Le mystère Guiraud.
Paz Berri