Dans le paysage vinicole du sud de l’Amérique, le Brésil se montre plutôt discret. Contrairement à ses voisins chilien et argentin, la culture du vin et de la vigne dans ce pays surtout réputé pour ses plages est plus récente et moins répandue. Si ce sont les Italiens qui y ont introduit la vigne en 1875, ce n’est qu’à partir des années 80 qu’on s’est vraiment intéressé à la qualité des vins.
« Il y a vingt ans, on vinifiait encore nos vins dans des pièces de bois. Aujourd’hui, pratiquement tout a été remplacé par des cuves en inox. De même, les vins vieillissaient dans des barriques dont l’origine était douteuse. Maintenant, on utilise des fûts américains ou français», explique Leocir Bottega, directeur technique de l’Institut Brésilien du Vin (Ibravin).
La presque totalité de la production brésilienne se fait dans le sud du pays dans l’état de Rio Grande do Sul. La surface de vignes plantées pour l’élaboration de vins de qualité est de 6 551 hectares et la production se divise en quatre sous-régions : Serra Gaúcha, Campanha, Serra do Sudeste et Campos de Cima da Serra. Dans l’état de Santa Catarina, au nord de Rio Grande do Sul, la production d’un vin de table à partir du cépage goethe est devenue une forte spécificité de la région, mais la production de vins de qualité y reste anecdotique.
Serra Gaúcha
Ce sont les collines verdoyantes de l’extrême sud du Brésil qui abritent la principale région productrice de vin du pays. La Serra Gaúcha, près de la frontière avec l’Uruguay, représente environ 80 % de la production nationale. Au total, 310 domaines y élaborent du vin. Ce sont en grande majorité des exploitations familiales dont la taille moyenne ne dépasse pas 3 hectares.
Contrairement à la Vallée du São Francisco, le climat dans la Serra Gaúcha est du type tempéré humide avec des saisons plus définies et des températures moyennes beaucoup plus fraîches, entre 16° et 18°. Par contre, la pluviométrie élevée, environ 1 800 mm par an et le régime de pluies qui frappent régulièrement les vignes avant les vendanges s’avèrent un vrai casse-tête pour les vignerons en les obligeant souvent à vendanger les raisins en légère sous-maturité.
Si ces conditions-là, liées à l’acidité du sol, ne sont pas les meilleures pour l’élaboration des vins rouges, elles s’avèrent bien plus propices à la production des vins effervescents. C’est pourquoi cette zone est en train de devenir une sorte de « Champagne » brésilienne.
«Nous avons les meilleurs effervescents du nouveau monde » déclare sans nuance, Leocir Bottega. « Ce sont des vins jeunes, avec beaucoup de fraîcheur, qui correspondent au profil du consommateur brésilien », ajoute-t-il. La journaliste Silvia Mascella Rosa, de la revue Adega, est du même avis. « La qualité des effervescents brésiliens est reconnue de plus en plus dans le monde entier ».
Au Brésil, les plus grands effervescents sont originaires de la Serra Gaúcha, surtout de la région de Pinto Bandeira e Vale dos Vinhedos, cette dernière étant la seule à avoir reçu la Dénomination d’Origine (DO).
Les cépages autorisés pour les effervescents blancs sont le chardonnay et le pinot noir, comme variétés principales et le riesling italico, comme cépage d’appoint. Les vins rouges sont vinifiés surtout à partir du Merlot, seul ou en assemblage avec le cabernet-sauvignon, cabernet franc et le tannat.
Dans la zone de dénomination géographique ou dans celles qui sont en cours de certification (Monte Belo do Sul, Altos Montes et Pinto Bandeira), les vins doivent être vinifiés selon la méthode traditionnelle et la chaptalisation n’est pas autorisée. En dehors de ces zones, on utilise aussi la méthode « Charmat », avec une deuxième fermentation en cuve close.
Les vins rouges produits dans le sud ont aussi gagné en qualité et notoriété ces dernières années en remportant plusieurs prix nationaux et internationaux. Une multitude de cépages y est utilisé pour l’élaboration des cuvées, mais le merlot, cépage précoce, figurent parmi ceux qui se sont le mieux acclimatés.
« La majorité des rouges de la région ne vieillissent pas en fût pour garder la fraicheur et le fruit. Au contraire des vins chiliens et argentins, nos vins ont la spécificité de conserver un degré alcoolique faible, aux alentours de 11° ou 12° en bouteille » affirme Bottega.
Production
Le Brésil est aujourd’hui le 12e producteur mondial de vin et le troisième en Amérique Latine. En 2013, le pays a produit 45,7 millions de litres de vin (hors vin de table). La consommation y reste aussi encore modeste. Selon des données de l’Organisation International du Vin (OIV), en 2011, un Brésilien buvait 1,9 litres de vin par an, très en dessous des Argentins (24,1 l/an) et des Chiliens (17,4 l/an) et encore plus loin de la moyenne des pays européens comme la France (47,7 l/an) ou l’Italie (37,1 l/an).
C’est donc un marché avec un fort potentiel de croissance avec une population jeune qui s’intéresse de plus en plus au vin. Entre 2008 et 2012, la vente de vin et mousseux a progressé de 35 % dans le pays. Selon l’Institut Brésilien du Vin (Ibravin) l’objectif est que la consommation progresse de 30 % en 3 ans.
Principaux producteurs :
Chandon, Miolo, Casa Valduga, Don Laurindo, Salton, Marson, Don Candido, Aurora, Dal Pizzol, vinicola Santa Maria, Cave Geisse, Pizzato, Perini, Garibaldi, Nova Aliança, Don Giovani, Almadén, Góes e Venturini, Basso, Peterlongo, Domno, Dunamis, Sanjo, Sinuelo et Lidio Carraro (fournisseur officiel du vin du Mondial 2014)
Quelques vins primés :
– Concours Challenge du Vin, 2013, médaille d’or
Aurora Reserva Chardonnay 2012,,
– Muscats du Monde 2013, médaille d’or
Panizzon Espumante Moscatel
Aurora Espumante Moscatel
Monte Paschoal Frisante
– Mondial de Bruxelles 2013, médaille d’or
Lunar Ouro Espumante Brut 2012
– Citadelles du vin, 2013, médaille d’or
Garibaldi Espumante Moscatel
– Effervescents du monde 2103, médaille d’or,
Zanotto Espumante Brut (Top 10)
Miolo Cuvée Tradition Brut Rosé – Miolo Wine Group
Zanotto Espumante Brut – Vinícola Campestre
– Effervescents du monde 2102, médaille d’or,
Aurora Espumante Brut Chardonnay
Cave Amadeu Espumante Brut
Terranova Espumante Brut Rosé
Ana Carolina Dani est une journaliste brésilienne, qui habite à Paris. Elle collabore régulièrement avec plusieurs titres de la presse au Brésil, notamment le journal Folha de Sao Paulo. En formation actuellement sur le vin à l’Ecole Cordon Bleu, elle a eu la bonne idée de s’arrêter chez Bettane+Desseauve.
Retrouvez ici la première partie du reportage.