Le succès était au rendez-vous, comme chaque année, pour la dix-huitième Percée du Vin Jaune. 43 000 visiteurs ont été accueillis ce week-end dans les villages de Perrigny et Conliège (Jura). Après un élevage de plus de 6 ans, cette édition 2014 a permis de découvrir un millésime 2007 puissant, aux arômes de noix et d’épices bien relevés, d’un bel équilibre. Les vendanges avaient été précoces, les vins sont frais et on les attendra un peu, c’est un millésime de garde. Du côté de la vente aux enchères de vieux millésimes, un vin de paille Château-Chalon 1893 de Henri Bouveret a été adjugé 3 000 € tandis qu’un marc du Jura 1868, du Domaine Bourdy, trouvait preneur pour 2 000 € (les résultats complets ici). L’année prochaine, la fête du vignoble du Jura aura lieu dans un autre village, comme le veut la tradition. Ce sera Montigny‐les-Arsures, les samedi 31 janvier et dimanche 1er février 2015.
Un vin, son terroir et ses hommes
En attendant cette prochaine percée des tonneaux, on pourra se plonger dans le bel ouvrage consacré au vin jaune de Château-Chalon. Trente-neuf auteurs, scientifiques et humanistes, se sont associés pour livrer une monographie complète, la première dans son genre, qui répondra à toutes les questions que l’amateur se pose au sujet de ce vin si singulier. Pourquoi ce terroir ? Quelle est son histoire ? Pourquoi le cépage savagnin s’est-il imposé ? Comment les lois de l’œnologie ont-elles été défiées pour aboutir à ce mode d’élevage si original ? Qui sont les vignerons et qui sont les consommateurs ? Comment s’est construite la notoriété du cru ? De récentes recherches en génétique, microbiologie et biochimie, ainsi que la découverte des clichés de Victor Regnault (ce vignoble a sans doute été le premier à avoir été photographié) éclairent de façon nouvelle les différentes facettes du château-chalon.
« Ces cinquante petits hectares de vignes d’exception et leur écrin paysager valent bien ce portrait savant. »
Dans la préface qu’il consacre à ce beau livre, dont on trouvera ici le sommaire en détail, Jean-Robert Pitte, membre de l’Institut, président de l’Académie du Vin de France, rappelle que Curnonsky le considérait comme
l’un des cinq meilleurs vins blancs de France « en compagnie – excusez du peu ! – du château-grillet, de la coulée-de-serrant, du montrachet et d’yquem. Venant de lui, chantre accompli du mariage des mets et des vins qui signe le repas gastronomique des Français, aujourd’hui entré au patrimoine immatériel mondial de l’UNESCO, c’était un hommage réfléchi. ». Il écrit aussi qu’habiter « sur un nid d’aigle et cultiver un vignoble aussi funambulesque donne aux Castel-Chalonnais le goût du risque, un sentiment tragique de la vie, mais aussi une aspiration à la grandeur
et à la pureté. »
Le Château-Chalon, un vin, son terroir et ses hommes, édité par l’association Meta Jura. 272 pages, 35 €
© P. Marcel