Le beaujolais de ce soir


beaujolais

En Beaujolais comme dans la plupart des vignobles français, le millésime 2013 est tardif par rapport à la moyenne des dix dernières années. Les vendanges (effectuées à la main, dans tout le vignoble) ont duré trois semaines et
se sont achevées mi-octobre. La météo estivale idéale avec un ensoleillement record en juillet et en août a permis de conserver un très bel état sanitaire qu’aucun aléa climatique n’est venu perturber. La maturation s’est déroulée dans de bonnes conditions, de manière lente et progressive. Les brefs épisodes de pluie en septembre ont permis aux baies de prendre un peu de volume. Les vignerons ont donc récolté des raisins sains avec une jolie maturité.

En volume, la récolte est modérée, mais reste néanmoins bien supérieure à celle historiquement faible de 2012. Elle devrait ainsi avoisiner les 700 000 hl. Les premières dégustations révèlent des vins fins dotés d’une superbe expression aromatique et d’une belle couleur. « Le millésime 2013 offre des vins structurés. La fraîcheur automnale, qui se retrouve d’ailleurs dans les flacons, a permis de conserver la couleur des vins », constate Bertrand Chatelet, directeur technique de la Sicarex (Institut de recherche implanté à Villefranche-sur- Saône et dédié à l’étude des vignes du Beaujolais). « Les tanins sont nets, d’une grande finesse et parfaitement intégrés, ce qui apporte structure et longueur en bouche. Ces premières dégustations confirment la belle qualité du millésime. »

Aux amateurs de se faire leur avis dès aujourd’hui, en ce troisième jeudi de novembre traditionnellement dévolu depuis 1985 à la découverte du beaujolais nouveau*, ce vin issu du cépage gamay, vinifié en grappes entières,
et dont la maturation courte (4 à 5 jours) exige un savoir-faire complexe qui relève de l’artisanat. A Paris, deux incontournables rendez-vous de dégustation vous permettront de découvrir le travail de Pierre-Marie Chermette
au Domaine du Vissoux, à Saint-Vérand. Au programme de jeudi et vendredi chez Crus, trois versions de ses beaujolais primeur 2013, Les Griottes rouge, Les Griottes rosé et la cuvée Vieilles Vignes (3 € le verre ou 15 €
la bouteille, avec charcuterie de terroir, plus de renseignements ici). Tous ces vins sont issus de très beaux terroirs plantés en vieilles vignes, et non chaptalisés.

C’est sans doute la raison pour laquelle Legrand Filles et Fils élabore depuis bien longtemps son beaujolais
avec ce même domaine. Chaque année, un mois avant la “sortie officielle”, l’équipe Legrand se rend à Saint-Vérand-le-Vissoux. Une fois tous les vins dégustés un à un, l’assemblage peut débuter, équilibre, structure, arômes, tout est passé en revue et minutieusement critiqué afin d’obtenir « le plus beaujolais des beaujolais. » Comme
nous sommes jeudi, il y aura aussi de la musique, une habitude de la maison. Un duo accordéon-voix assurera une ambiance de guinguette jusqu’à 20 h. Le verre sera à 3,50 €, les prix en bouteille, magnum ou jéroboam sont .



* Le vignoble beaujolais regroupe près de 3 000 exploitations au total (toutes appellations confondues),
12 coopératives, 169 négociants (Beaujolais, Mâconnais, Bourgogne). Les volumes de beaujolais nouveau
mis sur le marché en 2012 s’élevaient à 235 000 hl, soit plus de 32 millions de bouteilles. Ce qui représente un peu plus d’un tiers de la production totale du vignoble beaujolais. Les deux autres tiers restants sont constitués par
les beaujolais et beaujolais-villages non vinifiés en vins nouveaux, ainsi que les dix crus du Beaujolais (brouilly, chiroubles, chénas, côte de brouilly, fleurie, juliénas, morgon, moulin à vent, régnié, saint-amour). Avec 112 000 hl de beaujolais nouveau exportés dans 110 pays en 2012, représentant 47% des volumes mis en marché, le Beaujolais se place parmi les leaders des vignobles français à l’export (en pourcentage).

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