L’aligoté de Lalou Bize-Leroy

Nos experts poursuivent les dégustations pour le prochain guide Bettane & Desseauve. Alain Chameyrat nous parle du Domaine d’Auvenay.

Les mythes ne font pas courir le dégustateur professionnel. Il préfère révéler au monde un  talent inconnu plutôt qu’énoncer haut et fort la grandeur de Lafite : elle  n’étonne plus personne depuis longtemps, l’affaire est connue et rabâchée depuis quelques siècles. Et ce ne sont pas les vinificateurs actuels qui vont la ternir.
En cette après-midi de dégustations au BIVB (Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne), les bâtard-montrachet succédaient aux chevalier-montrachet et précédaient les montrachets. Des réussites et des déceptions. Après un une longue matinée consacrée aux meursaults, tout aussi variables dans leur réussite. Vers 16 heures, rendez-vous au domaine d’Auvenay chez Lalou Bize-Leroy. Je n’avais jamais visité l’endroit et je l’abordais avec la circonspection de rigueur devant tout mythe.
Le premier vin servi fut un aligoté 2011. Un simple coup de nez et la messe était dite. Tout ce qui se faisait ici n’avait rien de commun avec le connu. Exit les bâtards et autres montrachets goûtés pendant la journée. Cet aligoté, cépage méprisé, les approchait par sa profondeur, les égalait par son incroyable persistance et les surpassait par son énergie.
Puis vinrent les auxey-duresses et un meursault générique qui clouait définitivement au mur tous les chardonnays réussis goûtés dans la journée voire dans l’année. Noté 19/20, pour garder un soupçon de possibilité : on le savait, derrière lui viendraient ensuite les lieux-dits de Meursault, le premier cru de Puligny, le chevalier, le criot-bâtard. Comment noter tout ce petit monde dans notre échelle de notation sur 20 points ?
Les mythes, quand ils ne sont pas usurpés, sont difficiles à caler dans les paliers, les barreaux d’une échelle de notation.

Alain Chameyrat
Photo : Mathieu Garçon

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