Chez Philipponnat les vendanges avaient commencé le 13 septembre. Interrompues entre le 15 et le 18 pour
laisser s’installer une maturité idéale, elles se sont achevées lundi. Les gelées d’hiver et de printemps, le froid subi juste après la floraison et la coulure qui s’en est suivie ont eu raison des espoirs d’une belle récolte en quantité.
Le mois de juillet humide a exigé beaucoup de travail, surtout pour le désherbage des sols désormais entièrement mécanique (tracteur équipé d’«interceps», cheval de trait et sarclette manuelle dans les pentes ardues du Clos des Goisses). Le mildiou a fait sécher quelques grappes, mais le feuillage a été protégé et est resté bien vert, assurant une bonne photosynthèse. Le rendement n’atteint que 6 à 7000 kilos par hectare, soit 30 à 35 hectolitres en cuvée, seule fraction du pressurage utilisée chez Philipponnat. La qualité est en revanche au rendez-vous, particulièrement dans les pinots noirs, où la grande richesse en sucre – de 11,5° à plus de 12 – plus haute qu’en 1976, 2000 ou 2003, est associée à une acidité très satisfaisante et plus agréable qu’en 1996. La proportion élevée d’acide malique permettra de conserver une belle fraîcheur, sans excès. Ceci est à mettre au crédit d’un mois d’août exceptionnellement sec et à trois semaines de septembre également sèches, aux nuits froides. Le dicton est vérifié : août fait le moût. Originalité du millésime, le Clos des Goisses est un peu moins mûr qu’Ay (base de la cuvée 1522), car le rendement y est un peu meilleur, ce terroir très chaud ayant fleuri avant la vague de froid de juin. Les moûts sont clairs, peu ou pas oxydatifs, et présentent une belle qualité aromatique. Les meilleurs fermentent déjà
en fûts de bois. Cela promet de la pureté et de la longévité. Tout ceci sera confirmé dans quelques semaines,
à la dégustation des vins clairs, mais la maison annonce un grand millésime, situé quelque part entre les beaux
2002 et 1959.