Problèmes d’identité


On transmet cette information du CAVB (Confédération des Appellations et des Vignerons de Bourgogne),
même si les termes employés peuvent paraître exagérés. En effet, il semblerait que le terme clos soit « menacé »
et que la viticulture bourguignonne s’en trouve « aux abois ». Pourquoi ? Parce que l’héritage est en passe d’être
« galvaudé » par la Commission Européenne qui s’apprête à autoriser les producteurs américains à commercialiser des vins appelés clos-quelquechose sur le marché européen. Sachant que, comme le précise le communiqué,
sur le territoire de l’Union européenne en général et en France en particulier, les termes traditionnels synonymes d’exploitation viticole sont réglementés*, et comptant sur un minimum de culture vitivinicole de la part de nos concitoyens-amateurs, il n’y a pas vraiment là de quoi fouetter un chat. C’est encore une fois une histoire de marketing. On peut concevoir que le beau mot de clos soit irrésistible pour les Américains (et pas seulement pour eux, sans doute). L’identité bourguignonne ne s’en trouve sans doute pas pour autant en danger, on ne réécrira pas une histoire vieille de quelques siècles. Comme le droit communautaire en offre la possibilité, les Etats-Unis ont déposé une demande d’enregistrement des mentions « château » et « clos » en tant que mentions traditionnelles pour les vins produits sur leur territoire (il n’y a évidemment pas de définition du terme clos là-bas : ce terme est libre de toute contrainte, il suffit de l’enregistrer dans le cadre d’une marque pour pouvoir l’utiliser). Comme leur histoire les y autorise, les représentants de la viticulture bourguignonne (comme les Bordelais, avec le terme château) condamnent l’initiative, mettent en garde la Commission et estiment qu’il y a là « outre le détournement d’une terminologie française à forte notoriété (…), une distorsion de concurrence à l’égard de nos exploitations viticoles et une tromperie pour les consommateurs ». On est d’accord sur le détournement, mais pourquoi ne pas y voir un hommage et faire confiance aux consommateurs pour savoir faire la différence ? On est quand même très loin de la ligne de vêtements estampillés M. Chapoutier, tout récemment découverts sur internet, par hasard et par sa fille, étudiante en Chine. Là, le vigneron a de quoi s’énerver.


* Rappel réglementaire. Décret n° 2012-655 du 4 mai 2012 relatif à l’étiquetage et à la traçabilité des produits vitivinicoles et à certaines pratiques oenologiques :

Art. 7. − Les mentions : « château », « clos », « cru » et « hospices » sont réservées aux vins bénéficiant d’une appellation d’origine protégée lorsque les vins sont issus de raisins récoltés sur les parcelles d’une exploitation ainsi dénommée et vinifiés dans cette exploitation. (…) Le terme « clos » peut également être utilisé pour des vins bénéficiant d’une appellation d’origine protégée :

a) issus de raisins provenant exclusivement de parcelles de vignes effectivement
délimitées par une clôture formée de murs ou de haies vives ;

b) dont l’appellation comporte ce terme.

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