Vive le Chinois de Gevrey


Aujourd’hui, les réseaux sociaux frémissent d’indignation. Pour aller où ? Mystère. Rappel des faits : un Chinois riche (un scandale, déjà) vient d’acquérir un château bourguignon et deux hectares à Gevrey-Chambertin. Et voilà que tous ces indignés en chewing-gum saisissent la « grande » presse de leur mécontentement. Laquelle embraye aussi sec pour nous expliquer des trucs et des machins. Même cette bécassine de Marine Le Pen s’offusque. La sotte compare ces deux hectares inconnus avec la Romanée-Conti. Explique que l’État, etc. En appelle au protectionnisme. Pfff.
Si Liliane Bettencourt, Française de souche, avait acheté, ils n’auraient pas eu de mot trop fort pour lui taper tous ensemble sur la tête, se scandaliser encore et encore.

Toutes ces âmes sensibles ne savent pas que la taxation des successions en France met une famille à la rue en trois et même, très bientôt, en deux générations ?
Ces fins connaisseurs de l’économie française n’ont pas réalisé que nos investisseurs nationaux ont largement assez de travail à planquer leurs sous pour ne pas se coller une visibilité de plus sur l’ISF ?
Eh, boys and girls, on ne peut pas applaudir d’un bulletin de vote la taxe à 75 % et s’étonner que nos riches à nous prennent rendez-vous avec un agent immobilier à Bruxelles plutôt qu’avec un notaire à Gevrey-Chambertin.

Moi, je trouve que huit millions d’euros, c’est bien payé pour deux hectares avec un château dessus qui demande sûrement quelques autres millions pour être redressé comme il faut. Le vendeur, il peut lui élever une statue à son Chinois. Et se féliciter de l’absence de règles protectionnistes. Mais, dans ces cas-là, les vendeurs, on ne les entend pas beaucoup.
Je trouve que c’est une bonne nouvelle pour le patrimoine national qu’un Chinois dépense de l’argent pour ça.
On nous explique aussi qu’un conseil communal aurait voulu trouver une solution de reprise communautaire ou coopérative, le genre « on s’y met tous et ça va le faire et pis on fera des chambres d’hôtes au château » et tous les crétins d’opiner gravement. Ben tiens. Ils auraient payé huit millions pour une ruine et un jardin de vignes ? T’es sûr ? Et quoi, le Chinois n’aurait pas le droit de tenter sa chance à la vigne ? Juste celui de surpayer nos productions ?

C’est quoi, ces indignations de bac à sable ? Nos va-t’en-guerre n’ont pas d’autres raisons de s’énerver ? Ouvrez le journal de votre choix. Dans Libération (ce n’est pas mon choix, mais je suis un garçon ouvert), ils ricanent grossièrement sur le gouvernement dont la seule préoccupation serait le mariage gay. Une très bonne chose pour des filles et des garçons que je connais et que j’aime d’amour, je suis pour, mais bon, il y a aussi quelques urgences sur la structure de l’économie du pays. Il devrait être possible de mener tout ça de front, non ? C’est pas énervant, ça ?

La photo : comme d’habitude, découverte sur le remarquable site TumblR du blog A girl called Georges, chouchou de BonVivant

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